Le haut moyen-age

Afin d’ouvrir le premier chapitre de l’histoire de Villette, nous vous invitons dans notre machine à remonter le temps. Direction le siècle de Clovis.

Les éléments les plus anciens nous font remonter au VIème siècle avec la découverte d’une nécropole mérovingienne lors de l’installation d’une canalisation d’eau courante en décembre 1990, le long de la route qui relie Villette à Arnouville-les-Mantes. Cette nécropole témoigne dès cette époque d’une activité humaine relativement développée. Nous sommes alors à la fin de l’ère Gallo-Romaine et au début de la dynastie mérovingienne. Le nord de la Gaule se compose de l’Austrasie, à l’est et à l’ouest : la Neustrie (La «France» médiévale)…

Notre pays de Villette, quant à lui, se situe, bien sur, en Neustrie mais plus précisément dans le Centena Madrie (Comté de Madrie) et sur la limite ouest du pago pinciacensi, (Pays du Pincerai, « Poissy ») ancien territoire gaulois occupé par les Carnutes.

Au milieu du VIème siècle, Childebert Ier fils de Clovis crée l’Abbaye royale de Saint Germain des Prés. Cette Abbaye possédait parmi ses nombreux domaines des établissements de colons sur Chavannes et Leuze. De cette époque il existe un document tout à fait intéressant : le « Polyptyque de l’abbé Irminon »[i] écrit sous le règne de Charlemagne. Dans ce document nous trouvons des informations sur les habitants de ces villages. Les domaines de l’Abbaye étaient divisés en mense (Domaine fiscal correspondants parfois au domaine seigneurial). Chaque mense était ensuite divisé en exploitation. Nous apprenons ainsi que Cavannas (Chavanne) avait le statut de mense et gérait cinq exploitations sur Chavanne et Lodosa (Leuze) ainsi que dix-neuf sur Bovani Villa (Boinville). Ces exploitations possédaient des terres agricoles, des prairies et des vignes. Nous apprenons, par exemple, que le colonus[ii]  Airmundus, son épouse Godalberga et leur fille Airberta entretenaient trois borniers[iii] et demi de terre agricole, un demi-arpent de prairie et un demi-arpent de vigne. Ils payaient une dime annuelle de quinze moutons et trois poulets.

On ne trouve pas de trace d’édifice religieux lié à la manse de Chavanne dans ce texte. Par contre, nous trouvons dans une note de bas de page, une référence au nom de Villette pour indiquer le pays où se trouvent Chavanne et Leuze.

« Chavannes », le nom que les gens du commun ont toujours conservé sur la rive de la vallée de la « Vallis-Coloris » ( Vallée de la couleur => Vaucouleur) dans le « Villettam » (Villette), trois milles (4km 500[iv]) au sud de Mantes sur Seine.

Représentation d’une ferme (Villa) telle qu’elle pouvait exister à cette époque[v]

La première moitié du VIIème siècle parait avoir été une époque heureuse sous les règnes de Clotaire II et de Dagobert. Mais dès la deuxième moitié du VIIème siècle, la puissance royale des Mérovingiens déclina au profit des aristocraties et des maires du palais. De cette nouvelle aristocratie naitra la dynastie des Carolingiens avec notamment : Charles Martel, Pépin-le-Bref et son fils Charlemagne. C’est peu avant cette époque en l’année 704 que Childebert III, dit « le juste » et dernier roi mérovingien, aurait signé l’acte de donation à l’Abbaye de Fontenelle[vi] de territoires situés à Villette. Il faut noter que cet acte qui énonce les multiples possessions de l’abbaye normande dans les diocèses de Paris, Beauvais, Amiens et Chartres est considéré comme un faux par les historiens. En effet, le XIIème siècle a produit nombre de fausses chartes afin de sauvegarder les fiefs secondaires pour lesquels les diplômes anciens avaient disparu[vii]. Nous pouvons, toutefois, espérer que si l’acte est un faux, les donations et possessions énoncées étaient vraies. C’est dans un autre document, le Pouillé de l’Abbaye de Saint-Père de Chartres du XIIIème siècle que nous retrouverons des traces de Villeta et de la paroisse St Martin, mais ceci fait partie du Moyen-âge et sera le sujet du prochain chapitre. Arrivé au terme de ce chapitre sur le Haut Moyen-âge, quelques questions se posent : Notamment, quelle était la signification des lieux évoqués ( Cavannas Chavanne, Lodosa Leuze, Villettam, Villeta, Villette) ? La Vallis-Coloris traduit littéralement par « vallée de la couleur de » fait référence à quel genre de couleur (La lumière, la végétation ou une quelconque activité humaine) ?

Voici, toutefois, quelques propositions tirée du livre : Toponymie générale de la France[viii],

5341 Leuze, lodosa, loosa leusa, latin lutosa [terra]. Signification : [terre] boueuse.

1753 Chavanne, langue d’oïl chabanne latin cavanas début 9ème siècle, d’origine pré-celtique. Signification : cabanne

5237 Vaucouleurs, valliscoloris, vallicolore, latin valem avec peut-être le géniteur pluriel colorum des couleurs. Signification possible : Vallée aux couleurs variées. Mais cela supposerait que notre Vaucouleur ai possédé un « s » perdu au cours du temps.

C’est ainsi que notre petite histoire s’endort à nouveau dans les limbes du temps. Il faudra attendre l’arrivée des Capétiens et le XIIème siècle pour retrouver quelques traces de notre passé et reprendre le cours de notre histoire.

A suivre donc !

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[i] Irminon (abbot),Benjamin Edme Charles Guérard (Google books)

[ii] Colon, exploitant ayant un statut supérieur à celui de cerf

[iii] Un bornier représentait à peu près 128 ares et un arpent 12 à 18 ares

[iv] Le mille romain valait mille pas. Chaque pas représentant deux enjambées d’un soldat romain. Le mille romain mesurait ainsi environ 1 482 mètres

[v] Dictionnaire Gaffiot, latin-français 1934

[vi] Ancien nom de l’abbaye bénédictine de Saint Wandrille en Haute Normandie.

[vii] J.-P. Dagnot et C. Julien. Chronique du vieux Marcoussy

[viii] Ernest Nègre, Volume 1. Ed. 1990 librairie Droz SA.

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